C’est quoi un “bon” break ?

On a à peine réouvert nos ordinateurs que la question s’impose.
Une question simple, presque primitive : c’est quoi un “bon” break ?
Pourquoi cette grande coupure, toujours à la même période, toujours si massive, presque codifiée ? Pourquoi cet été si ritualisé, cette longue pause qu’on ne remet jamais en cause ? Est-ce parce que tout le monde le fait, parce que les villes se vident, les bureaux s’éteignent et que l’algorithme social exige qu’on se mette “hors ligne” (enfin presque parce que on a quand même eu une foison de posts sur vos séjours) ?
Est-ce qu’on rejoue là, inconsciemment, le calendrier scolaire de notre enfance, reconduit dans nos vies d’adultes sans qu’on ait vraiment décidé ?

Les mois de Juillet-Août, en France, fonctionnent comme un espace-temps suspendu. Un temps de droit, certes (les congés payés sont un acquis social) mais surtout un temps d’habitudes collectives, un contrat tacite selon lequel l’été doit être un long souffle coupé.
Et plus ce break est long, plus il semble “mérité”. Il faut avoir trimé dur pour s’autoriser trois semaines. Comme si l’épuisement validait la légitimité du repos. Mais ce modèle a-t-il encore du sens ?
Dans un monde du travail qui se fragmente, où les rythmes s’individualisent, où le numérique floute les frontières entre pro et perso, peut-on encore croire à cette grande trêve estivale comme solution universelle ? Est-ce que tout lâcher d’un coup pour tout reprendre d’un bloc ne produit pas, au fond, plus de fatigue que d’équilibre ?
On vit vite, on travaille vite, on se repose vite. Le mois d’août devient alors un sas obligé, un simulacre de déconnexion entre deux sprints.

Et si l’on apprenait à respirer autrement ? Non pas en militant pour la semaine de 4 jours chère à Laurent De La Clergerie, ni en cherchant un nouvel eldorado managérial. Mais simplement en réinterrogeant ce qu’on attend d’une pause. Est-ce une parenthèse ? Une fuite ? Une déprogrammation ?

A La Conciergerie, on n’a pas la réponse définitive, mais on sait que le break, pour être bon, ne devrait pas ressembler à une apnée, et qu’au fond, reprendre en douceur, c’est peut-être déjà prolonger un peu les vacances.